PATRIMOINE ET HISTOIRE !
Sous la révolution, on peut dire que l’enthousiasme populaire fut réel : Le peuple a exigé la liberté et l'égalité. Il les a obtenues.
Le 26 août 1789, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen est adoptée comme préambule à la Constitution : égalité des droits, liberté d'opinion et de la presse, respect de la propriété. Les anciens privilèges sont abolis.
La Paroisse de Colombier et la paroisse de Saugnieu sont rattachées, comme celles de Satolas et Bonce.
Le Velin est attaché au nouveau département de l’Isère, et au diocèse de Grenoble sans que cela n’inquiète l’église lyonnaise.
Saint-Laurent devient la commune de Mures-La-Fontaine -comme Saint-Priest devient Beau-Priest- chef-lieu d’un canton éphémère créé en 1790 et supprimé en 1801 !
C’est à cette date que nos villages se rattacheront au canton d’Heyrieux.
« L’assemblée du conseil général de la municipalité de Saint-Laurent-de-Mure et Quincieu » semble se réunir pour la première fois le 17 février 1790 pour former la nouvelle municipalité, réunion qui eut lieu dans l’église à l’issue de la messe.
A cette époque-là, on dénombre environ 900 habitants à Saint-Laurent, 600 à Mures et 200 à Quincieu.
C’est Olivier CHAMBEYRON, receveur des douanes, qui fait un discours précisant que l’assemblée Nationale supprime les municipalités actuelles.
Le 15 janvier 1790, effectivement, un décret avait aboutit sur la création des départements. Leur nombre est initialement fixé à 83. Ce nouvel échelon administratif et démocratique, bien enraciné dans l'Histoire, entre la commune et l'État, sera appelé à un vif succès.
Claude BIED, (dont la fille Louise épousa Jacques COCHE) , alors châtelain résident sur notre village, et en quelque sorte chef de la communauté avant la révolution, perd ses prérogatives.
On élit donc une nouvelle assemblée communale chargée d’organiser les premières élections.
En 1790, on élit donc une nouvelle assemblée communale chargée d’organiser les premières élections.
Il faut préciser que certains habitants à l’époque réclament l’élection d’une municipalité indépendante pour Mures (St Bonnet) , mais la majorité des votants se prononce contre.
Le curé RICHARD est Président et CHAMBEYRON est le secrétaire greffier. On retrouve trace de ce curé Richard à St Didier au Mont d’Or en 1760, puis curé à Amblagnieu (Porcieu) dans l’Ain de 1762 à 1780.
Cette première réunion est donc très agitée, et l’on est obligé de reporter la suite au lendemain afin de permettre aux esprits de se calmer et d’admettre qu’une seule municipalité verra le jour avec Saint-Laurent comme chef lieu.
C’est le boulanger du village, François CHAPUY, qui est élu maire. François était né le 3 septembre 1753 et avait épousé Anne BUISSON en 1774 (ci-joint extrait du registre), il décèdera le 4 octobre 1838.
Il sera assisté au sein de la Mairie par des personnes élues le lendemain :
- Jean PICARD, assesseur de Saint-Laurent
- Pierre GAUTIER, assesseur de Saint-Laurent
- Jean-Baptiste DE BOILLE, de Mures
- Fleuris VIDEAU, de Mures
- Claude MINJAT, de Quincieu.
Ils forment ainsi la toute première municipalité du village : en dehors du Maire, tous sont assesseurs ou officiers municipaux.
Ils sont accompagnés de douze notables. Parmi eux, des notables de Saint-Laurent :
- Joseph PISTON
- Joseph BERNARD
- Mathieu QUINON
- Louis BERNARD
- Joseph TOUQUET
- Jean BAROY
Mais aussi des notables de Mures :
- Jean GERVAIS
- Jean BRUISSAT
- Geoffrey BELLET
- Marcelin BOURGEOIS
Et enfin des notables de Quincieu :
- Etienne GRANGE
- Michel ROIBET
Le tailleur Brion DUPRÉ est élu procureur. Tous prêtent serment à la constitution. Le logement du secrétaire tient lieu de maison commune puisqu’il n’y a pas encore de mairie.
Parmi tous ces noms, quelques-uns ont encore leur descendance sur nos villages...
Le Maire, Le conseil municipal, ainsi que le Procureur prêtent serment à la Constitution bien entendu !
Le 5 avril 1790, une garde ou milice national est créée pour faire appliquer la justice et maintenir l’ordre au sein de notre village.
Le colonel en charge est Claude BIED qui trouve ainsi le moyen de sa reconversion, et le capitaine un ROCHE-LAVAREILLE.
Chez nos voisins de Mures, la large nationale prête serment, elle, le 11 avril : LIGONET en et le Lieutenant-colonel assisté du Capitaine BACCONIER.
Les autres décisions de ce premier conseil municipal concernent essentiellement les impôts et la police.
Ensuite on apprend en Juin que Saint Laurent de Mure fait partie du tout nouveau département de l’Isère. En effet, une partie de l’ancienne province du Dauphiné viennois est devenue le département de l'Isère à la Révolution française, le 4 mars 1790 exactement, en application de la loi du 22 décembre 1789.
Le 14 juillet 1790, après la messe, et à l’invitation de Paris, la municipalité se rend sur la grande route, et près de l’autel de la patrie élevé pour cette occasion, ils vont prêter serment.
La musique avait précédé les membres du Conseil ainsi que quelques grenadiers de la Garde Nationale.
La cérémonie fut très ordonnée et très respectueuse du protocole : Les messieurs de la municipalité furent placés auprès de l’autel, en respectant bien entendu le rang de chacun.
L’aumônier Laurent Richard se trouvait en face de l’autel. Quant à M. Chambeyron, le secrétaire greffier, et major de la milice, il avait placé la même milice sur deux lignes en formant un grand cercle autour de l’autel.
Voici un extrait du discours prononcé par M. Chambeyron, le major :
« Quel jour, mes chers compatriotes que celuy-ci ! Quelle époque à jamais mémorable pour la France ! Je me représente ce jour éclatant et magnifique où nos illustres représentants … assis au Champ-de-Mars entourés de l’élite des citoyens français leur présentent l’édifice qu’ils ont élevé pour le bonheur et la prospérité de la nation, et offrent à l’univers le spectacle le plus auguste et le plus imposant. Le patriotisme, le contentement, la paix, la confiance et la liberté semblent rouler autour d’eux, et ne faire d’un peuple immense qu’une même famille réunie à son père chéri… »
Petit rappel historique :
Le 2 novembre 1789, les députés français ont voté la nationalisation des biens de l'Église.
Ils ont par ailleurs dissous les ordres religieux contemplatifs le 13 février 1790, tout en ménageant les religieux qui s'occupent d'enseignement ou d'oeuvres caritatives.
Évidemment, ils ont mis en oeuvre ces réformes sans en référer au pape.
Le 12 juillet 1790, à Paris, l'Assemblée constituante adopte la « Constitution civile du clergé ».
Ce décret va causer la ruine de la Révolution démocratique inaugurée un an plus tôt.
A Saint Laurent de Mure, cette constitution civile fut appliquée sans problème, comme d’ailleurs les préceptes de l’Assemblée de la Nation.
Le curé Laurent RICHARD avait été rassuré par les promesses de l’Assemblée : ces promesses avaient d’ailleurs été affichées à la porte de l’église. En quoi consistaient-elles ? Protéger la religion bien sûr.
Il prête donc serment à la Constitution dans l’église, à l’issue de la messe du 30 janvier 1791. Son collège de St Bonnet , Antoine LEVET, avait fait de même quelques jours avant.
Voici un extrait de son serment :
« Je prie le seigneur qu’ils répande sur cette auguste assemblée, sur les pères de la nation, son esprit des lumières qui dirige leurs délibérations, leurs conseils et leurs décrets pour sa plus grande gloire, la prospérité de l’Etat et le bonheur de la Nation… »
Le curé Richard recommande aux concitoyens et paroissiens d’obéir aux ordres sur cette terre et d’obéir à Dieu pour s’assurer une place au royaume des cieux.
D’après les archives, on note même que le maire, François CHAPUY, décrit Poulieu comme « un amour de belle paroisse ».
Mais il faut dire que certains habitants n’ont plus très envie d’aller à la messe, malgré le fait que toute hostilité religieuse est absente.
Il faut dire qu’au début de la Révolution le catholicisme apparaît comme la religion nationale ; partout des cérémonies religieuses accompagnent avec enthousiasme la mise en place de l’ordre nouveau.
La suppression de la dîme et la transformation des biens de l’Eglise en biens nationaux ne perturbent pas profondément les rapports de l’Eglise et de l’Etat en 1789.
Mais ensuite, l’Eglise ne peut plus nommer ses desservants (curés, vicaires, évêques...) : ceux-ci sont désormais élus par le même corps électoral que les administrations locales.
Deux églises s’opposent bientôt, l’une romaine, traditionnelle et fidèle au pape, et l’autre, constitutionnelle.
Enfin, cette période a aussi laissé au sein des campagnes de France, dont la nôtre, le souvenir d’une lourde imposition et d’une conscription généralisée : tant de jeunes bras, recrutés dans les armées, disparaissaient… eux pourtant si nécessaires au travail de la terre.
Sources : Bibliothèque Municipale Grenoble, archives locales et municipales, archives paroissiales & Autour du Plastre de Mures… H. Charlin / J. Montchal
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