LES GENS D’ICI !

L'ÉCOLE EN 1929 ... 







En ce début du mois d’octobre 1929, à 8 h du matin, les brumes de l’automne enveloppent le petit village de Saint Laurent de Mure.


Pour les enfants qui fréquentent l’école laïque, il est temps de reprendre le chemin des classes… Il faut dire qu’à cette époque-là, on n’avait pas classe en septembre et à l’époque, la rentrée scolaire n’a pas grand-chose à voir avec ce moment rituel et incontournable qu’elle est devenue !

La maison « Focachon » dans la rue de l’Eglise, maison « bourgeoise » qui abrite encore aujourd’hui le cours préparatoire, est à cette époque l’école des filles.

Pour les 19 fillettes qui franchissent le haut portail de fer forgé c’est donc la rentrée. Elles saluent les deux institutrices par de timides et respectueux « Bonjour Madame », « Bonjour Mademoiselle ».

Ensuite vient le moment de l’appel : il se fait dans la cour, chacune des fillettes répondant « présente » à l’appel de son nom.

Les filles du CP et du cours élémentaire sont dans un rang, et ensuite on regroupe celles du cours moyen et du certificat d’études ! Deux groupes donc où chacune trouve sa place, mais surtout n’en changera sous aucun prétexte : on obéit à ce que dit Madame l’Institutrice !

N’oublions pas aussi que la blouse à cette époque-là est de mise : une blouse de coton obligatoire qui permet de ne pas salir les vêtements, peu nombreux dans les gardes robes, ou de les abîmer, prolongeant ainsi leur durée de vie … cela permet aussi aux mamans d’avoir moins de linge à laver, car pas de machine et la corvée de lessive n’est pas un des moments les plus heureux de la vie d’une ménagère…

Au son des galoches en bois, on rentre tranquillement en classe en suivant la maîtresse, sans faire de bruit… ou presque…. quelques rires audacieux en douce…

 En ce temps là, la maîtresse était un personnage fort respecté : dès qu’elle ouvrait la bouche pour dire « Silence », pas un bruit dans la classe, pas un chuchotement…

Elle désigne les places de chacun des élèves et s’installe elle-même derrière son bureau en bois juché sur une estrade.




Le tableau noir derrière elle affiche la date du jour, et c’est ainsi que commence la classe, au son de son « Asseyez-vous » autoritaire … Au milieu de la pièce, le vieux poële à bois et charbon ronronne, tempérant cette austère humidité .

Chaque élève attend  avec impatience la distribution du matériel scolaire : un livre de lecture, un cahier, une ardoise et sa craie, un porte-plume avec une plume, matériel dont il faut prendre bien soin car pas de remplacement possible !

On n’oublie pas qu’à ce moment-là, les bureaux en bois des écoliers sont pourvus d’un encrier plein d’encre violette, l’encre rouge étant bien entendu réservée aux corrections de la maîtresse.

Autrefois, les cours débutaient très souvent par une « leçon de morale » , texte lu à haute voix par l’institutrice et qui traitait de la politesse. S’en suivront d’autres textes pour d’autres leçons sur l’obéissance, le respect d’autrui, l’honnêteté. A Saint Laurent de Mure, les écoliers écoutaient religieusement ces leçons à raison de trois fois par semaine !

Arrive ensuite l’heure de la récréation  où chacune de ses fillettes dévore à b elles dents le goûter que les mamans ont déposé dans leur cartable : du pain et du fromage, ou pain et sucre, et plus rarement du pain et du chocolat. Beaucoup préfèrent le pain avec de la confiture, bien épaisse entre deux tranches, cette bonne confiture faite l’été même par les mamans.

Elles jouent, ces fillettes, à colin-maillard, ou à la marelle, afin de se détendre pour pouvoir garder toute leur concentration sur les leçons, sous l’œil tendre d’une maîtresse qui, derrière son apparente sévérité, tente d’apprendre à ces petites frimousses les rudiments de notre langue ou les principes mathématiques.

Que de bons souvenirs qui éffaçent les mauvais d’une enfance rude mais pleine de partage et d’amitié.

Source : CIME

 

 

 

 

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