LES GENS D’ICI !

 

Les mille et une vies de Jean-Marie…

 



 Dans un petit coin de Marseille vivait une famille somme toute modeste, la famille OLLIVIERI,   depuis plusieurs générations : le Père, le Grand-Père et l’Arrière Grand-Père étaient nés là, dans la cité phocéenne. Ils vivaient comme beaucoup à cette époque-là des fruits de la petite ferme, quelques poules, chèvres, vaches… et c’est la maman qui partait chaque semaine au marché de Carpentras pour y vendre les œufs.

En faisant des recherches, on trouve des OLLIVIERI, avec deux L s’il vous plait, en grand  nombre dans le midi et ce dès 1764, preuve d’une ancienne lignée dont des membres illustres comme un chirurgien ordinaire de la Marine dans le département de Toulon.

 Jean-Marie a vu le jour le 15 mars 1936 à Marseille donc. Sa maman est une immigrée italienne, c’est une Garnero, un nom très répandu juste de l’autre côté de la frontière, en face du Mercantour.

Avec ses trois frères, ils vivent paisiblement jusqu’au moment où, ayant atteint la majorité, il doit faire son armée.

 On le retrouve en 1956 lorsqu’il arrive sur le site de Bron durant son service militaire,  et à Poleymieux au Mont D’or où il montait la garde au Fort du Mont Verdun.

Pour rappel historique, le 28 janvier 1871, l’Armistice de Versailles met fin à la guerre Franco-Prussienne. La construction d’un nouveau système fortifié dans la région lyonnaise est l’œuvre essentielle du Général Séré de Rivières (1815 – 1895). Cet officier du Génie, polytechnicien, conçoit pour protéger Lyon un système de 24 ouvrages (14 forts et 10 batteries) répartis en quatre secteurs fortifiés et dirigés par un fort maître :   le fort du Mont Verdun est le premier construit. 

Un dimanche de 1957, il vient passer quelques heures en compagnie de camarades sur la Vogue de Saint Laurent de Mure, et il y fit la rencontre de Lydia, qu’il fit danser toute l’après-midi !

Lydia est la fille de Théophile Riskal (1896-1977) soldat russe (Lieutenant d’artillerie)  et   qui avait épousé une fille d’Ardèche Alice Bancel (1903-1976), et étaient venus s’installer sur notre village autour de 1942, après avoir habité à Grenay.

Coup de foudre oblige, les deux tourtereaux se marient le quelques mois plus tard en 1958.

Jean-Marie et Lydia se souviennent très bien de ce moment-là : c’est Victor Broizat, le maire de l’époque, qui les a mariés. Il y avait également comme témoins Kiki Gaillard, le garde champêtre et M. Barbier, l’instituteur et secrétaire de Mairie. L’abbé Guillet, curé du village,  officia ce jour-là pour le mariage religieux.

Investi d’une nouvelle situation, il se mit en quête d’un travail et rentra chez SIGMA, La société Industrielle Générale de Mécanique Appliquée. Cette entreprise était un sous-traitant de BERLIET : elle fabriquait des Pompes à gasoil et était située Boulevard Joliot Curie à Vénissieux.

Mais dès que « les oiseaux se mirent à chanter » (parole de Jean-Marie), il quitta SIGMA où il ne s’épanouissait pas, passa son permis Poids Lourds, son permis B et Permis de transport en commun en même temps.

Il commença par être livreur de lait, puis livreur en épicerie pour l’Economique qui se trouvait Rue du Repos,  chauffeurs pour la société SLEVE, société Lyonnaise pour l'exploitation de Véhicules électriques ! Oui, vous avez bien lu : en 1959, il y avait bien déjà des véhicules électriques .

Jean-Marie a donc débuté dans les transports en livrant du lait, puis des produits d’épicerie, et a conduit des véhicules électriques. On était donc dans les années 1960, Jean-Marie partait le soir garer son véhicule Rue de Gerland pour le recharger, il y avait d’énormes batteries pour ce type d’engin et l’autonomie était d’environ 100 kms, ce qui permettait de faire les allers-retours Lyon – St Laurent de Mure sans difficulté.




Ces engins étaient équipés de « freins à câbles » et il n’était pas très fier au volant lorsqu’il fallait descendre Choulans : 4 vitesses avant, 4 vitesses arrière, en cas de vitesse lui avait-on dit « il faut mettre la marche arrière » ! Pas trop confiant, il avait essayé sur le périphérique e a eu la peur de sa vie en voyant des étincelles partir dans tous les sens : « j’ai bien cru que ça allait prendre feu » nous dit-il .

De 1962 à 1969, il est chauffeur pour différents transporteurs. Puis il rentre chez les Transports Meunier où il faisait les allers retours de Lyon à Paris à bord d’un Saviem/Berliet de 150 chevaux qui pesait 30 tonnes : « à cette époque-là, on montait les côtes en première » !

« Les temps ont bien changé, dit-il. Je partais le lundi matin direction Paris, on déchargeait et on rechargeait pour repartir pour Lyon : je conduisais 36 heures sans arrêt, je n’avais ni direction assistée, ni GPS, ni boîte automatique » .

Puis en 1969, il entre chez Berliet : il est en charge des « démonstrations », c’est-à-dire qu’il emmène une cabine (camion sans remorque), par exemple chez Drevon, et la fait essayer afin de la vendre à l’entreprise : la cabine n’étant pas immatriculée, Berliet avait une dérogation du Ministère des transports pour pouvoir rouler une semaine en « démonstration ». Jean-Marie a bien eu quelques frayeurs à côté de certains chauffeurs mais il en avait vu d’autre !

Et nous voilà en 1979 : Jean-Marie se met à son compte, d’abord comme Taxi, puis comme transport d’enfants avec sa CX familiale où il emmenait des enfants en difficulté vers des classes spécialisées à St Priest. Il y eut ensuite le « petit car » de 14/15 places, de marque FIAT. En 1984/1985, ce fut le premier car digne de ce nom, un PA14, fabriqué par Berliet, puis un Renault.

A cette époque-là, le département du Rhône organisait le transport « en petits lots » ce qui permettait aux petits transporteurs de pouvoir exister , les entreprises pouvaient soumissionner sur des petites distances. Aujourd’hui, il faut tous les matins une quarantaine de cars qui vont dans toutes les directions, seules les grandes entreprises comme Faure ou Berthelet peuvent suivre… c’est ainsi que M. Ollivieri arrêta malgré lui le transport scolaire.

En 1968, Jean-Marie a eu son attestation de « capacité de transport de marchandises » par correspondance dans un premier temps et puis en séjour de 15 jours à Marseille ensuite.

A partir de 1984, il réussit sa « capacité de transport pour les voyageurs » en candidat libre : l’examen se passait à Paris, et il s’y rendit, malade comme un chien avec une bonne angine ! Rien ne l’arrête notre Jean-marie…

Heureusement que sa volonté n’a pas faiblit car lorsqu’il dû arrêter le transport scolaire, il pu s’orienter grâce à ses formations vers le transport de voyageurs, et partit emmener jeunes et moins jeunes sur les routes de France, d’Italie et d’ailleurs.

Le monde du transport évolue, et cela devient difficile pour les petites structures de se battre contre les grands groupes. Il est temps pour lui de prendre un peu de repos…  En 2000, il transmet les reines à Jean-Jacques, son fils, puis quelques années plus tard, l’entreprise de transport Ollivieri est reprise par Berthelet : il est soulagé de voir que les chauffeurs y trouveront également une place, ce qui lui enlève un poids : la boucle est bouclée.

Mais pendant tout ce temps-là, Jean-Marie n'a jamais délaissé sa passion : la Musique !

 C’est René Francillard qui a emmené Jean-Marie à la Clique, à l’époque c’était un groupe qui rassemblait des musiciens de St Bonnet et St Laurent de Mure, initié dans les années 1952. La Renaissance a vu le jour en 1961.

Il se souvient Jean-Marie de la première sortie à St Pierre de Chandieu de la Renaissance : ils étaient partis en voiture, mais revenus à pied et M. Garnier avec son cor avait joué tout du long sans interruption ! … un autre temps.

Ses camarades du début de la Renaissance, il ne les a pas oubliés : des noms lui reviennent, B. Chay, G. Paradis, M. Lavelle, A. Cosenza, C. Roussillon, R. Francillard et Père, G. Bretton, Les  Guicherd et bien d’autres encore.

Il fut Président de l’école de musique qui existait au sein de la fanfare de 1971 à 1981. Puis, comme cela devenait un peu lourd à gérer, il embaucha un directeur puis demanda à des bénévoles de reprendre la Présidence de l’école de Musique, en l’occurrence C. Guicherd devint Présidente, E. Sourd devint trésorière, M. Challancin et d’autres devinrent membre du bureau, et c’est ainsi que fut créée, en 1987,  l’école de musique Marc Challancin qui existe toujours aujourd’hui  !








Jean-Marie a été également président durant un mandat de la Gaieté Laurentinoise, association qui organise des activités ludiques et culturelles et ouverte à tous les Laurentinois qui aiment les échanges, les rencontres et la vie sociale, actuellement présidée par C. Giorgi.

Il a bien mérité un peu de repos notre Jean-Marie, lui qui a toujours été  investi sur son village d’adoption, qui a donné beaucoup de son temps et de son énergie et qui coule maintenant une retraite tranquille : Laurentinois d’un jour, Laurentinois toujours.

Si vous le rencontrez, n’hésitez pas à le saluer : il n’aime pas trop les honneurs, mais nous avons eu beaucoup de plaisir à l’écouter raconter son parcours,  nous lui devions bien ce coup de chapeau, un petit hommage plein d’affection et de respect pour  notre Jean-Marie qui a accepté de nous partagé les grands moments de sa vie !

 

 

 


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