Capitaine Claude CERF    

                                          LES GENS D'ICI ...






 Le capitaine Cerf, dit le Capitaine Bobil ou Bôbily en patois était né dans notre village en 1840 dans la maison natale du mas de la Garrapotière, maison qui resta dans sa famille jusqu’en 1921. 


Ses parents étaient Claude Victor CERF cultivateur à Saint Laurent de Mure et Jeanne Marie Charrel . Claude CERF était cultivateur à Poulieu, mais nous retrouvons également des documents sur lesquels il semble avoir été « veloutier », l’un et l’autre n’étant pas incompatibles !

 Claude CERF était un ancêtre de plusieurs familles du village : Crassard, Vallin et Monmessin.

 Appelé sous le second empire,  soldat  au 95° de ligne de 1861 à 1867,il est nommé capitaine à la 5° légion mobilisée de l'Isère en 1870.

Il participera à ce que l’on a appelé « l’aventure Mexicaine ». 

 La guerre du Mexique a commencé en 1861, les deux premières années s'étant soldées par un échec. Napoléon III décide d'envoyer un renfort de 25000 hommes avec le général Forey comme commandant en chef.

 Parmi ces 25000 hommes se trouve Claude Cerf soldat du 95° infanterie de ligne. Après son débarquement à Veracruz à mi-octobre, Claude Cerf et son régiment vont préparer la route sud Veracruz-Puebla sous les ordres du général Douay. Il passe à Téjoua, et fait allusion à la maladie du vomito-negro où fièvre Américaine qui fait des ravages au début de cette expédition sur cette région côtière et marécageuse, (les historiens parlent aussi de nombreux cas de tétanos).

 Le 21 février depuis Orizoba près de Veracruz , le capitaine CERF parle de cette traversée et on relève dans cette lettre de 12 pages des formules très expressives :

 « Des vagues énormes se jetaient sur notre navire, qui, craquant de toutes parts, failli s’engloutir à plusieurs reprises. Pendant cet affreux moment de détresse, ma pensée venait jusqu’à vous et j’adressais au ciel des vœux pour votre bonheur futur, me croyant, à chaque instant, près du moment dernier, suprême épreuve de l’homme à l’issue du court trajet de la vie »

 Le capitaine Cerf se bat avec vaillance : il suit le général Elie Frédéric Forey dans les combats de San Lorrenzo, Combles, Puebla, Medeline et Vera-Cruz. Le général ne s'y distingue guère et doit rendre son commandement après la prise de Puebla. Il est néanmoins nommé Maréchal de France en 1863 et Général de Corps d'armée de l'ordre mexicain de la Guadalupe.

  Revenons-en aux motifs qui justifia cette guerre au Mexique : dans les années 1860, le Second Empire est à son apogée en France. C’est alors que Napoléon III fonce tête baissée dans le guêpier mexicain. Il fomente le projet ambitieux de transformer ce pays, où règne une guerre civile des plus sanglantes, en empire orbite de la France, rien que ça ! Il s’agit ainsi de conserver une mainmise économique et politique sur le pays mais aussi de contrecarrer la puissance des États-Unis sur le continent américain. Vaste programme n’est-ce pas ?

  L’empereur des Français réussit ainsi à convaincre l’Angleterre et l’Espagne d’intervenir militairement. Son « pantin » sera l’archiduc Maximilien, frère de l’empereur d’Autriche François-Joseph Ier. C’est à ce prince désœuvré, qui cherche à donner un but à son existence, que l’on offre la couronne du Mexique. Ce jeune homme de 30 ans, qui se sent bridé dans ses convictions libérales par son frère, finit par accepter la proposition. Il entraîne dans cette aventure hasardeuse son épouse Charlotte de Belgique qui partage ses ambitions.

 Notre Claude rendra les honneurs à l’Archiduc Maximilien d’Autriche qui devient donc de fait Empereur du Mexique.

Après l’assaut du Mont Borrego, le capitaine écrivit ceci :

 « Nous avons eu à faire à des tristes soldats, voire des brigands qui assaillent, pillent et volent même leurs compatriotes, autorisés en cela par leur sinistre général Suarez. Ils étaient bien supérieurs en nombre avec les 60 hommes de notre compagnie, mais la pointe de nos baïonnettes a suffi à éteindre leur ardeur, car s’ils sont courageux pour assassiner les pauvres gens, ils le sont moins pour se battre et ils ont une terrible frayeur de se faire tuer. Ce sont ces mêmes soldats qui, près de Solidad, firent prisonniers les deux cantinières du 2ème zouave qu’ils brûlèrent vivantes. »

 Mais pour l’archiduc, l’entreprise tourne très vite au fiasco En mai 1866, Napoléon III décide de rapatrier progressivement ses troupes.

 Le Général Juarez a toujours clamé qu’il se montrerait inflexible et il capture l’archiduc. Après une parodie de jugement, le prince est emmené sur la colline qui domine la ville de Querétaro. C’est là qu’il est fusillé par Juarez le 19 juin 1867 devant un mur de brique édifié à la hâte, avec deux de ses généraux. Maximilien a demandé à ce que l’on épargne son visage pour que sa mère puisse le reconnaître… Il a aussi refusé qu’on lui bande les yeux.

 D’après la lettre de 12 pages adressée à ses parents, on apprend aussi  les problèmes de ravitaillement; probablement dus au manque de chevaux qui ne supportaient pas 40 jours de traversée dans la cale des navires et crevaient en route de pneumonie gangréneuse (selon les historiens), avec une impossibilité notoire de trouver sur place de nouveaux animaux de trait.

En terminant cette fameuse lettre, il fit cette recommandation : « J’ai une recommandation sacrée à vous faire, celle de conserver toutes mes lettres. J’y tiens beaucoup car je les reverrai avec plaisir si j’ai le bonheur de revenir un jour au pays, sur cette bonne terre de France que j’aime tant ».

 

De son épopée au Mexique, on conservera les informations suivantes des différents documents d’origine : 

·         Numéro matricule militaire: 10343.

·         Taille : 1M62,

·         Visage  ovale, front   large, yeux  gris, nez   pointu, bouche  moyenne, menton  rond, cheveux et sourcils  châtains,

·         Marques particulières : rousseurs.

·         Arrivée au corps le 21 août 1861, embarqué pour le Mexique le 27 août 1862 et Retour le 31 décembre 1867.

 Oui, en 1867, enfin, Claude s’embarque pour rejoindre la France et revenir dans son village natal. Sa santé avait été altérée par cette terrible expédition.

 Il épouse le 11 décembre 1869 Angélique CHARROIN, fille de Pierre CHARROIN et de Anne ROUSSILLON : Angélique est tailleuse.

  Un soir den 1897, il s’éteint doucement au hameau de Poulieu, l’épopée Mexicaine avait altéré sa santé. Il repose depuis sur « cette bonne terre de France » qu’il aimait tant et que l’exil lui avait fait aimer davantage.

 Son décès fut enregistré devant témoins le 13 novembre 1897 par le maire de l’époque Jean-Pierre MAX :   Antoine Cochet, 69 ans, cultivateur, son gendre et Antoine Durand son voisin, garde-champêtre.

 Sa famille, ses descendants peuvent être fiers de lui et merci à eux de nous avoir donné la possibilité de partager son histoire : un Laurenais courageux, droit, et honnête que l’on peut prendre en exemple…


 




 


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