LA CHAPELLE DE POULIEU




 

Les relations entre les abbayes et prieurés et le monde séculier constituent un chapitre essentiel de leur histoire. L’insertion des monastères dans la société féodale, l’acquisition de droits seigneuriaux, l’exercice du pouvoir temporel et aussi la nécessité de se défendre et de dresser des fortifications favorisent leur rôle politique comme le souligne l’exemple du Lyonnais.

 Vers 930, à Paolleu, l’abbé d'Ainay de l’époque, Josserand, Seigneur du lieu, fait construire une maison-forte dont subsistent encore deux ailes et une tour ronde, maison pour abriter un prieuré et ses quelques moines. Cette puissante congrégation de Bénédictins était installée dans une abbaye située sur une île au milieu du Rhône. Aujourd’hui subsiste encore l’église Saint Martin d’Ainay à Lyon, consacrée en 1107. 

Le Grand Prieur était « patron » des paroisses de Saint-Laurent, de Saint-Bonnet-en-Velin, de Grenay, et ce déjà au XIIème siècle.

A l’ombre de la maison religieuse qui offrait toujours un asile en cas de danger, un petit village se groupa autour de la chapelle Notre Dame de Paolleu.

Au XVè siècle, l’abbaye bénédictine d’Ainay, suite aux pillages des récoltes par les soldats du Dauphiné et à l’insécurité régnante de l’époque, fait renforcer les murailles de Paoleu. L'abbé Théodore Terrail (1431-1505), dernier abbé régulier d’Ainay, avait un neveu célèbre, Pierre du Terrail, le chevalier Bayard pour lequel il nourrissait une grande affection ! 

Ce dernier aurait séjourné plusieurs fois à Poulieu. Théodore du Terrail fit construire plusieurs édifices dans l’abbaye d’Ainay ainsi que la chapelle du prieuré, puis celle de Chazay d’Azergues, le château et la chapelle de Pollieu ; il meurt à 74 ans et est enterré dans la chapelle Saint-Sébastien ; on peut lire son éloge dans le Royaume des Allobroges, ouvrage composé par son neveu Symphorien Champier.

La chapelle actuelle a été construite non loin des ruines de la vénérable chapelle détruite par un incendie au siècle dernier. Seul vestige, un pan de mur du XIIIè siècle atteste la pérennité du lieu. Il limite le petit cimetière au Sud.

Paolleu, forme la plus ancienne, latinisée en Poilliacus, Poliaco, a donné au XVIè siècle Polly puis Pollieu, Poullieu et Poulieu de nos jours.

 Reprenons Au XVème siècle :  le prieuré est mis en fermage.

 En 1430, en pleine Guerre de Cent Ans, des « Tards-Venus » espagnols le pillent.

 En 1480 le prieuré est pillé par les soldats du Dauphiné.

 Entre 1484 et 1488 le prieuré est reconstruit en château de plaisance par Théodore de Terrail, abbé d’Ainay, qui y accueille donc son neveu Le chevalier Bayard.  Il reste une tour de cette époque.

 En 1557 et 1562 le prieuré est saccagé par les troupes calvinistes. Poulieu perd peu à peu de son importance au profit de l’église paroissiale.

 En 1604 des terres sont vendues, et les abbés sont peu à peu dépouillés de leurs biens.  

 Camille de Neuville est abbé d’Ainay de 1611 à 1693.

 Le long épiscopat de Monseigneur Camille de Neuville de Villeroy (1653-1693) occupe, dans l'histoire du diocèse de Lyon, une place bien caractérisée : après le foisonnement d'initiatives et de fondations de « l'invasion mystique » (environ 1610-1640), il fallait un temps de mise en ordre, de réalisation pratique ; ce fut l'œuvre de ce grand archevêque.

Pendant quarante années, il fut donc à la fois gouverneur et archevêque, ce qui ne troubla guère les contemporains, en un temps où l'union du trône et de l'autel allait de soi. Ce double pouvoir lui conféra, dans la ville et le gouvernement, une autorité exceptionnelle : durant tout ce temps, rien ne se fit, en aucun domaine de la vie publique, sans sa volonté ou au moins son consentement. Il sut s’entourer d’hommes de confiance, notamment le très célèbre jésuite le Père de La Chaize (confesseur de Louis XIV pendant 34 ans !)

 En 1670 Camille de Neuville, archevêque de Lyon et abbé d’Ainay, restaure la chapelle, alors que le château est loué depuis 1650.

 En 1684-1685 a lieu la sécularisation de l’abbaye d’Ainay (passage du domaine religieux au domaine laïc).

 En 1713 le château est vendu.

 En 1728 la seigneurie du lieu est cédée. Il semblerait qu’en 1750 la maison-forte appartienne à la famille Lavareille qui y reste jusqu’en 1840. (Cette famille remonte à Pierre du Mas, notaire en 1598 à en 1598 à Ségur-le-Château en Corrèze).


Dans l’actuelle Chapelle Notre Dame des Anges où des célébrations religieuses ont régulièrement lieu encore aujourd’hui se trouve le linteau de l’ancienne chapelle de Paoleu, et montre les armoiries de la Famille du Terrail.

Au cours du XIXème siècle, la chapelle a malheureusement subi un incendie fort violent qui l’a détruite et ne subsiste aujourd’hui qu’une muraille au sud de l’actuel cimetière. En 1855, durant les travaux de la construction de l’église paroissiale de St laurent de mure, la chapelle de Poulieu bénéficie d’une remise en état pour abriter provisoirement les offices de la paroise. Selon les recherches effectuées, une nouvelle chapelle, appelée Notre Dame des Anges est construire entre 1866 et 1868. Elle conserve son portail du XVe siècle.


À l'intérieur, elle abrite un élément de retable baroque.

 Comme nous vous l’avions dit précédemment, une nouvelle chapelle est donc construite entre 1866 et 1868 : l’abbé Gerin, curé de St Laurent de Mure à l’époque, en a été le promoteur.

Le blason de l’abbé du Terrail se trouve au-dessus de la porte de la Chapelle.

Des plaques rappellent que 4 prêtres ont été enterrés dans la Chapelle :

-       Antoine Gerin : 1805-1870

-       Pierre Etienne Pascal : 1830-1904

-       Rémy Bérard : 1858-1931

-       Eugène Gillet : 1883-1966

Par ailleurs, les Anges musiciens sont l’unique élément qui subsiste du retable qui surmontait le maître-autel de la Chapelle de Poulieu au XVIIIème siècle. On y trouve également des statues en bois porte-cierges du XIVème siècle et une très belle statue de Notre Dame des Anges.












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