Parmi les personnes illustres ayant traversé notre village, il en est un dont le nom est connu dans le monde entier !
Il s’agit bien sûr de Napoléon III.
Deux ans après la construction de la nouvelle mairie laurentinoise , terminée le 18 septembre 1846, le prince Louis-Napoléon, neveu de Napoléon 1er, est élu Président de la République française.
Le 2 décembre 1851, le président de la IIème République, démocratiquement élu en décembre 1848, s’empare du pouvoir par un coup d’État.
Le neveu de Napoléon Ier, Louis Napoléon Bonaparte, se proclame empereur des Français et prend le nom de Napoléon III.
C’est la seconde fois en moins d’un siècle qu’une république née d’une révolution succombe de cette manière.
Son coup d’état de décembre 1841 est approuvé à l’unanimité par les Laurentinois (source : archives Isère).
Car sous l’empire de Napoléon III, la région, et notamment Lyon, s’était montrée fort bonapartiste.
Nous avons retrouvé le recensement de notre village en1896 nous donnant 1006 individus en 1896. Mais il semblerait qu’il y avait d’après nos recherches 1230 habitants en 1841, date du référendum . Et n'oublions pas qu'en ce temps là les femmes ne votaient pas ! Donc tous les hommes du village votèrent pour Napoléon III.
Ce dont les Laurentinois ne se doutaient pas c’est que Napoléon III serait un souverain absolu, notamment qu’il supprimerait toute liberté de presse, de réunion, de penser et porterait ainsi atteinte à la liberté individuelle (voir la Loi de sûreté générale qui permettait au gouvernement le droit de détenir et de déporter sans jugement quiconque avait déjà été condamné pour raison politique) !
Nous avons retrouvé trace des visites de Napoléon III sur notre région, et notamment à Lyon dans le journal « Mémorial des Vosges » du 31 mai 1876, M. Lucien Jantet, Journaliste, ayant publié une série d’articles sur le déplacement de l’empereur à Lyon.
Pour faire une véritable ovation au chef de l’Etat, on décide de construire un arc de triomphe : aussitôt dit, aussitôt fait, car le Prince n’avait pas pu prévenir de son passage.
Un simple accord oral sur le prix est convenu entre l’architecte M. TERRET de Vienne, les deux maires dont M. Coche pour St Laurent, et le Président de la société pratique d’Agriculture.
La somme de 300 Francs est divisée équitablement entre les trois parties. L’architecte étant présenté par le sous-préfet, on met à sa disposition les gardes champêtres, quelques voitures et des hommes.
Il dresse les plans, rassembles les fournitures dont celles servant à la décoration et qui sont louées.
L’arc est revêtu de tissus de « satinade » rouge croisée et lisse, de « satinade » bleue lisse et de « nadapolam », une sorte de cotonnade d’Inde.
Pour préparer sa venue, le maire, Alphonse Antoine COCHE coordonne l’élan spontané des habitants qi sollicitent l’autorisation d’élever un autre arc au centre de la commune.
Les Laurentinois coupent alors de grands chênes dans les bois environnants, louent à Lyon des tentures et des décorations, et font exécuter par un artiste un aigle en carton destiné à couronner l’édifice.
Le maire raconte alors : « Ce fut devant ce naïf emblème de sympathie populaire que le prince s’arrêta avec le plus de complaisance, car ce fut peut-être le premier endroit de son parcours où il fut salué du titre de Napoléon III.»
L’empereur parti, les deux arcs sont démolis, mais l’architecte qui devait présider à la démolition de l’arc officiel et mettre en dépôt les décorations louées, notamment les draperies, repart à Vienne en abandonnant au pillage l’arc de triomphe démoli par ses charpentiers, et renvoie les fournisseurs à la mairie.
La perte des objets loués vint alors accroître considérablement la dépense, et ce n’est qu’en 1858 que la somme de 561 Francs fut enfin réglée.
La vie des Laurentinois de l’époque fut marquée à tout jamais par le passage de l’Empereur, et restera également dans nos esprits et mémoire du village.
D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle, on confond souvent notre « Route Royale » avec la « Route Impériale » et de même pour les bornes ! Rectification faite maintenant !
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