PATRIMOINE ET HISTOIRE !
L’ancien lavoir du Bourg… Acte 1
Autrefois on lavait son linge au lavoir : tout était lavé à la main et impeccablement repassé. Il n’y avait pas de machine à laver, pas de lessive industrielle, pas de centrale vapeur, uniquement de l’huile de coude !
Les laurentinoises allaient donc au lavoir : saviez-vous que le lavoir du bourg de Saint Laurent de Mure a été construit en 1883-1884 ?
Il avait été conçu par l’architecte André BERNARD, de Lyon, et construit par Jean RUF de Vienne : il avait coûté à l’époque 8732 Francs.
Situé près de l’emplacement actuel du monument aux morts, sur l’ancienne « route de Satolas », à l’endroit même où s’installait autrefois l’alambic, il avait fallu 13 heures pour déblayer le terrain de ronces et des épines avant sa construction !
Sa conception était très moderne à l’époque puisque ses fondations étaient en béton au mortier de chaux provenant de Saint-Quentin-Fallavier. L’eau du linge s’égouttant sur des barres de bois s’écoulait sur des rigoles en ciment de Grenoble.
Le plus intéressant sans doute du point de vue technique était la charpente en fer de 2 470 kilos, supportant une toiture en tuiles plates de Saint-Symphorien-d’Ozon !
Le lavoir proprement dit était en pierre de Trept, avec un dégorgeoir en forme de tête de dauphin et tout près de lui se trouvait une petite cheminée destinée à faire chauffer l’eau.
L’ancien lavoir du Bourg… Acte 2
Nous vous disions donc que le lavoir du Bourg était en pierre de Trept, avec un dégorgeoir en forme de tête de dauphin .
Enfin le lavoir était fermé au nord et à l’ouest par un mur, et à l’est par un muret en moellons de pierre de La Grive, percé d’une entrée.
Au sud, la charpente métallique reposait directement sur trois dés en pierre et ouvrait l’édifice sur la route nationale et le village.
Par la suite, furent entreposés à ses côtés le chasse-neige et le corbillard communaux.
Après la perte de son toit, le lavoir devenu inutile fut détruit dans les années 1960 : quel dommage… seul le nom d’une rue va commémorer son souvenir.
On peut cependant en avoir une idée en observant le plus modeste lavoir de Poulieu qui fut construit au même moment par les mêmes architecte et entrepreneur et heureusement sauvegardé par les municipalités dans les années 1970/80, réhabilité en tant que support de massif.
Endroit mythique, seul espace de sociabilité féminine du village, le lavoir était un élément indispensable de la vie communale.
Les femmes s’y retrouvent pour échanger informations, cancans, et autres commérages.
Les hommes, eux, disposent de multiples espaces pour tenir le même genre de propos, accompagnés d’un verre (ou de plusieurs !) de vin ou de bière. Ils se réunissent au café, au marché, chez le charron, le forgeron, le cordonnier…, alors que les femmes n’ont pour elles que le lavoir.
On rapporte que l’eau claire du lavoir emporte à la fois les saletés du linge souillé et les conflits humains. Le linge en revient peut-être immaculé, quant à l’innocence des âmes au retour au village, cela reste à démontrer !
Ces moments de sociabilité, tant masculine que féminine sont indispensables. Dans ces villages refermés sur eux-mêmes, à l’atmosphère étouffante et à la vie communautaire souvent délétère, ils permettent de réduire les tensions, de vider les rancœurs, de libérer les passions, mais aussi de maintenir les liens, de nouer des amitiés.
En cas de coup dur, chacun peut compter sur le soutien et la générosité de la communauté. À l’occasion des fêtes de village, tous les villageois redécouvrent leur fondamentale solidarité.
Les lavoirs nous rappellent la dure vie de la ménagère de cette époque où laver le linge n’était pas une sinécure et la lessive une véritable corvée !
©Vous êtes Saint Laurent de Mure
Source : BM et Sources privées
Commentaires
Enregistrer un commentaire