PATRIMOINE ET HISTOIRE !

1430 : Saint Laurent de Mure est pillée …





À cette époque troublée, la Franche-Comté est unie à la Bourgogne sous les grands ducs de Bourgogne.
Un seigneur franc-comtois, Louis de Chalon, seigneur d’Arlay-Nozeroy, devenu par héritage de sa mère prince d’Orange, pro-bourguignon, prétend avoir des droits sur la seigneurie d’Anthon en Dauphiné.
Dès 1428, Louis de Chalon profite de la faiblesse régionale pour envoyer une troupe s’emparer de châteaux dans la région du Velin entre Crémieu et le Rhône : Colombier, Anthon, St-Laurent de Mure, puis Pusignan, Azieu. Il y laisse une petite garnison.
En 1429 le roi n’a pas les moyens de réagir. Louis de Chalon cherche à se tailler une principauté en Dauphiné. Il est soutenu en sous-main par Amédée VIII de Savoie, qui aurait sa part dans un démembrement du Dauphiné.
Il faut préciser que dès la fin de 1428, l’obstination de Louis de Chalon à éluder ses engagements, le renforcement de la garnison de ses châteaux par les nombreux contingents qui passaient le Rhône ainsi que les violences auxquelles ceux-ci se livraient avaient causé en Dauphiné une alarme d’autant plus vive que la province se trouvait sans chef (Mathieu de Foix, le chef précédent étant brusquement parti).
Du Rhône aux Alpes, les villes, les bourgs et villages furent invités à fermer leurs portes et à faire bonne garde sur leurs murailles ; on prit de sévères mesures contre les étrangers à Romans, à Vienne et surtout à Grenoble.
Les premiers jours de mars, de nombreux Bourguignons passèrent le Rhône et s’installèrent à Pusignan, Colombier et Anthon ; d’autres se dirigèrent vers Auberives et en chemin pillèrent Saint-Laurent-en-Viennois (c’est-à-dire notre village) , Azieu, et d’autres villages, molestant et pillant les habitants (Archives de l’Isère – enquête de 1434).




En même temps, les émissaires du prince d’Orange essayaient de soulever tout le pays dauphinois contre le Conseil delphinal, en couvrant d’injures les membres et tout ceux qui détenaient une autorité civile, militaire ou religieuse dans la province.
Louis de Chalon et le du de Bourgogne décident alors que le moment est venu d’agir : Louis rassemble une armée composée de contingents du Jura, de Vaud, de Fribourg, de Neuchâtel et de Savoie.
L’armée se rassemble à la Côte-St-André vers le 27 mai. Elle se propose de reconquérir les places tenues par les « orangistes ». Elle reprend d’abord Auberives puis Pusignan le 7 juin, Azieu le lendemain et le 10 juin Colombier après une grande résistance des assiégés.
Le 11 juin, Louis de Chalon, averti du siège, se met en route depuis Anthon pour secourir Colombier, qui a en fait capitulé la veille. La tête de la colonne est alors attaquée de front par les routiers de Villandrando, puis attaquée de flanc par Gaucourt et Grolée.
C’est la débandade et le massacre des « orangistes » (bataille d'Anthon) : environ 300 morts, 600 prisonniers mis à rançon. Le prince d’Orange réussit à s’échapper en traversant à cheval le Rhône à Anthon ; il trouve refuge le soir au château de Meximieux ; puis penaud regagne ses terres.
Cette victoire conservait le Dauphiné à la couronne de France. Gaucourt fut nommé premier chambellan, Grôlée conseiller et chambellan du roi, Villandrando reçut le château de Pusignan. Théodore de Valpergue sera le sénéchal de Lyon de 1435 à 1458.
Quant au prince d’Orange, battu à Anthon, il dut s’enfuir et vit ses biens, dont le château de Saint-Laurent, confisqués.
Le fils du prince d’Orange, Jean de Chalon, sut agir assez diplomatiquement auprès du dauphin Louis II, futur roi Louis XI, dont il devint le conseiller, et obtint main levée sur les châteaux de Saint-Laurent, Colombier et Anthon en 1475.
Puis finalement, Jean tomba en disgrâce, et notre forteresse lui fut confisquée au bénéfice d’un nouveau favori du roi Imbert de Bathernay, devenu ainsi Baron d’Anthon et Seigneur de Saint-Laurent !
©Vous êtes Saint Laurent de Mure
Sources : Bulletin de l'Académie delphinale - 1930



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