PATRIMOINE ET HISTOIRE !



 LA FAMILLE GARNIER DE SAINT-LAURENT ! Episode 1

 Petit rappel historique…

 Une famille de Saint Laurent qui en porte le nom possédait autrefois la seigneurie de Saint-Laurent. Jean, le Dauphin, l’acquit de Jean de Saint-Laurent et par un traité qu’il fit avec Amédée Comte de Savoie le 10 juin 1314.

 Il avait fait bâtir un château. Humbert, Dauphin, y nomma châtelan Guillaume de Palagnin qui prêta serment à Charles, dauphin de France le 18 mai 1346 après le « transport » du Dauphiné. Il fut inféodé à Grigny de Genève, Seigneur d’Anthon qui en prêta hommage au même dauphin le 4 décembre 1358.

 Aymon de Genève, son fils, en fut seigneur en 1369. Béatrix de Genève, sa sœur, fut mariée à Frédéric de Saluces à qui elle porta ce mandement. Grigny de Saluces, son fils, en fut Seigneur et après lui, Bertrand de Saluces, qui mourut et laissa cette terre à sa femme Anne de la Chambre , qui la donna à Jean de Châlons, prince d’Orange.

Le roi la confisque et la donne à Imbert de Baternay, son chambellan qui prêta hommage le 18 novembre 1487. A la mort de son petit-fils en 1580, Saint-Laurent, Fallavier et la Verpillière sont revendus à François de Bonne, connétable de Lesdiguières, qui achète en lus en 1602 la seigneurie de Colombier.

 Tout cela semble lui rapporter, grâce aux droits féodaux de l’époque, de très belles sommes d’argent.

 Plusieurs nobles ont été les capitaines châtelains du Château de Saint Laurent, dont Genas d’ailleurs faisait partie de ce « mandement » .

 La présence d’une famille noble du nom de Garnier, propriétaire de la Maison Forte, est attestée à travers des documents qui citent la maison forte, dite de Montagneux. 

Le premier à s’installer à Saint Laurent se nomme Pierre, aux alentours de 1450. Il semblerait que durant les guerres diverses (guerres pour l’annexion de certains duchés notamment comme la Bourgogne, Auxerre, Mâcon…), la vie des Seigneurs commence à se compliquer, notamment économiquement…

C’est pourquoi Pierre, qui est de petite noblesse, vient à Saint Laurent où sont fils, Henri, épouse Ginette de Bourrellon du village de Mures à la fin du XVème siècle en 1475 exactement…

 

 LA FAMILLE GARNIER DE SAINT-LAURENT ! Episode 2

 Une maison forte existait déjà en 1327 à Saint Laurent, mais ce n’est vraisemblablement pas la même. La grande enquête sur la noblesse de 1666 appelée « reconnaissance », ou plus proprement dite « recherche des usurpateurs du titre de noblesse », est une recherche de noblesse qui fut systématique en France, et eut une grande importance sous le règne du roi Louis XIV. Elle prendra fin en 1727.

 Dans la reconnaissance passée en 1666 par Jacques de Garnieron trouve une description très succinte :

 « un tènement de maison haulte et basse avecq les tours, cours, pressoir à vin, thenailler, four, puys, fontaine et jardin, le tout clos et entouré de murailles de sa contenance sittué dans le bourg ».

 Elle avait une superficie d’environ 3000 mètres carré !!!

 On ne connaît pas bien l’histoire de cette famille avant 1570 où Philibert De Garnier, un « capitaine » ou « écuyer » selon les documents trouvés, profite, peut-être pas forcément consciemment, de l’endettement paysan pour s’enrichir.

 En effet, les paysans empruntent des céréales pour les planter, mais ne peuvent pas forcément les rendre, car une céréale plantée en rapporte seulement deux.

 De 1572 à 1607, on note donc que ce fameux Philibert a passé 112 achats soit 221 parcelles, pour l’essentiel à Saint-Laurent, et dont les deux tiers étaient pour régler des dettes, les paysans devenant de fait encore plus pauvres.

 De 1570 à 1720, au moins 266 parcelles ont été vendues à la famille de Garnier par un tiers des chefs de famille du village, pour un total de 200 hectares environ.

 Les DE GARNIER achètent également 30 maisons et 3 granges. L’essentiel de ces ventes a été réglé en nature, c’est-à-dire en céréales.

 Elle devait posséder au total 600 hectares au tout début du XVIIIème siècle.

 Plus riche de fait, le chef de la famille DE GARNIER était le puissant du village qui résistait aux aléas de la conjoncture et auquel on faisait appel en cas de difficultés.

 Il possédait un bon nombre de terres à Mures également (St Bonnet) où 230 hectares lui appartiennent. Il a des biens dans tous les terroirs et essayait de regrouper ses terres par une sorte de remembrement destiné à améliorer la rentabilité des parcelles.

 § Philibert épouse le 19 août 1576 Antoinette de VACHON et ils auront trois enfants :

 o François de GARNIER

o Annibal de GARNIER

o Jacques de GARNIER

 Et voilà donc pourquoi on retrouvera donc dans certains documents et archives le nom de "Philibert de Garnier de Saint-Laurent", un doux euphémisme !

 

LA FAMILLE GARNIER DE SAINT-LAURENT ! Episode 3

Allez, on reprend la suite de la généalogie des de Garnier de St Laurent de Mure !

François de Garnier a donc eu trois enfants, Jacques son successeur, Louis devenu aumônier de Saint Chef, et Abel le chanoine de Saint Pierre de Vienne.

Jacques de Garnier est donc le nouveau Seigneur des maisons fortes de St Laurent de Mure mais aussi de Pont-l’Êvêque à Vienne.

Il contracta mariage le 13 juin 1651 avec Françoise de Bazemont, fille de Louis Bazemont (Seigneur des Fiançayes, Saint-Egrève, Proveyzieu, Mont-Saint-Martin, et la Barre), et d’Elénonore Emé de Saint-Julien.

Il obtint le 6 juillet 1668 un certificat de François Dugué, intendant de Lyon et maître de Bagnols, portant qu’il avait suffisamment prouvé sa noblesse . Les Dugué étaient rattachés par le mariage à la marquise de Sévigné, qui fait mention dans sa riche correspondance de ses séjours au Château.

Pour préciser, les "maîtres des requêtes du roi" devinrent au XVIe siècle des "commissaires départis pour l'exécution des ordres du roi" puis dès 1625 des "intendants de justice, police et finances, commissaires départis pour l'exécution des ordres du roi".

Inspecteurs et administrateurs, les intendants surveillaient les officiers de justice, avaient la haute main sur l'ordre public, les troupes, les subsistances. Ils travaillaient aussi avec le Contrôleur général des finances pour les questions économiques et les impôts. Chaque généralité comptait un intendant. Ils furent supprimés en 1789.

Revenons-en à nos… De Garnier :

Naquirent de l’alliance de Jacques et de Françoise 6 enfants :

- Gabriel qui prit sa suite

- Louis, Chanoine de Saint Pierre de Vienne

- François, Chanoine et infirmier de Saint-Chef,

- Joseph-Antoine De Garnier du Mollard, aussi chanoine à Saint-Chef

- Anne de Garnier, mariée à Laurent de Grolée, sieur de la Combe et de la Forcatière

- Et Renée de Garnier, religieuse à Montfleury.

Comme vous l’aurez sans doute remarqué, il était bien d’usage que le premier fils de la famille prenne la succession, les autres fils entrant soit dans l’armée, soit dans les ordres.

Quant aux filles, soit elles trouvaient un bon parti, soit elles entraient également dans les ordres : tout était joué d’avance !!




  LA FAMILLE GARNIER DE SAINT-LAURENT ! Episode 4

 

Nous en étions donc à Gabriel de Garnier, fils de Jacques, lui-même fils de François, lui-même fils de Philibert, lui-même fils de Jean, lui-même fils de Claude, lui-même fils de Henri, lui-même fils de Pierre le premier de Garnier qu’on retrouve sur St Laurent en 1477…

Ça va ? vous suivez ?

Gabriel donc, seigneur des maisons fortes de St Laurent de Mure et de Pont-l’Êveque, (maintenu dans sa noblesse par arrêt de Maître Bouchu du 28 janvier 1701) avait épousé en première noce Magdeleine de Gimel : ils eurent une fille, Catherine, mariée à Benoît de Montdor en 1713.

Il épousa en deuxième noce, par contrat du 28 octobre 1696, Louise de Loras de Montplaisant, fille de Pierre-Gaspard de Loras (seigneur de Montplaisant, Chamagnieu, Saint-Hilaire, Vénérieu, et Genas) et de Marie-Anne de la Poype-Saint-Jullien .

De cette deuxième union naquirent deux filles :

- Pétronille, qui épousa François de Boissac, seigneur de Saint-Didier et Premier Président à la Chambre des Comptes

- Et Marie-Anne Frédérique qui épousa le 26 février 1722 son cousin, Louis de Loras-Pollionay, (baptisé à Crémieu !) baron du Saix, Seigneur de Chamagnieu, capitaine au régiment de Conti, chevalier de l’Ordre Royal et militaire de Saint-Louis et de l’Ordre de Saint-Lazare et de Notre -Dame du Mont-Carmel, lieutenant des Maréchaux de France dans les provinces de Bresse, Bugey, Valromey et Pays de Gex ! Louis de Loras, chevalier du Saix, fut admis à l'Assemblée de Bresse, le 3 juin 1760

Rien de moins que ça !!!

 Gabriel de Garnier fut sépulturé « en l’église de Saint Laurent au tombeau de ses pères » et mourut en 1718. Louise de Loras, sa femme, demanda à être ensevelie dans un des tombeaux que la Maison de Loras possédait en l’église des religieuses de Sainte-Claire de Lyon et en celle des religieuses de la Visitation Sainte-Marie de Crémieu.

La maison de Garnier s’éteignait ainsi avec les trois filles de Gabriel dont les trois frères étaient entrés dans les ordres :

- François et Joseph-Antoine , chanoines de Saint-Chef

- et Louis, chanoine de Saint-Pierre de Vienne

Nous rappellerons également ce que nous avons trouvé au cours de nos recherches :

- Hugonnet Garnier, qui périt en 1424 à la bataille de Verneuil

- Jean Garnier qui combattit à Pavie en Italie

- Et Flory Garnier vivant à Genas en 1540

On trouve également un arrêt du Parlement du Dauphiné en date du 5 juin 1566, obtenu par Jean, Julien et Henri de Garnier, Philibert de Corsant et Barbe de Garnier, contre les consuls de Genas, et qui maintient les premiers dans leur noblesse, ordonnant la restitution des sommes payées avec dommages et intérêts !


 

LA FAMILLE GARNIER DE SAINT-LAURENT ! Epilogue
Au début de l’année 1935, M. Vassy, Conservateur des Musées de Vienne, découvrait des peintures murales héraldiques dans une pièce voûtée servant de cave à une vieille maison de Vienne en démolition.
Cet immeuble, situé sur la bordure méridionale d’une cour voisine des abords de l’abside de l’ancienne église abbatiale de Saint-Pierre et de l’ancienne église paroissiale de Saint-Georges, l’une et l’autre désaffectées à la révolution, n’offrait extérieurement rien de particulier, mais une salle à laquelle on accédait de la cour en descendant trois marches, présentait à la voûte des restes de peintures à fresque du XVIIIème siècle, répartis en quatre groupes d’armoiries au moins.
C’est ainsi qu’il retrouva tout simplement trace de fresques héraldiques aux armes de la maison De Garnier (ci-joint photo de la fresque) :
« d’azur au chevron d’argent accompagné en chef de deux étoiles du même » qui est de Garnier et « d’azur à la bande d’or accompagnée de 6 losanges du même, trois en chef dans le sens de la bande, trois en pointe en orle » qui est de Rigaud, rappellent le souvenir de Jean de Garnier, écuyer de Saint Laurent de Mure et fils de Claude de Garnier et de Anne de Virieu, mariés par contrat du 12 février 1547 « fait et passé à Saint Laurent, dans la maison d’habitation dudit de Garnier, époux, appelée de la Croix-Blanche »….
Nous espérons que ce retour dans le passé de cette famille et de notre village vous a intéressés... quant à nous... nous poursuivons nos enquêtes

©Vous êtes Saint Laurent de Mure

Source- :
- Nouvelle revue Héraldique de Mars – Avril 1935 - Dessin de M. Charlin
- Source : Dictionnaire de la noblesse de De François-Alexandre Aubert de La Chesnaye Des Bois – Edité en 1774 et Armorial du Dauphiné – 1867 – Imprimé à Lyon par G. De Rivoire de la Batie
Bibilothèque municipale de Grenoble, Mémoire de maîtrise D. Becker,
- et « Autour du Plastre de Mures ( H. Charlin et J.Montchal)

 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog